Au creux des vallons du Gers

Au creux des vallons du Gers

Lettre janvier 2022

Bonjour à tous,

 

Merci pour vos bons vœux, bien agréables à recevoir. La jeunesse semble oublier cette tradition mais nous, nous y tenons. Nous vous souhaitons une belle année remplie d’amour et de bonheur mais aussi de patience dans l’attente de la disparition de cette petite bête qui encombre nos vies.

 

Voilà quatre années que nous avons quitté la Polynésie. Elle nous manque beaucoup, l’amabilité de la population, le beau soleil et l’eau chaude aussi. Nous nous adaptons, Gérard un peu moins après 50 ans de vie ultramarine, il n’apprécie pas beaucoup les hivers. Pour ma part, c’est mieux, j’ai retrouvé ma vie d’avant avec tout le charme qu’elle avait et j’avais besoin de retrouver les saisons. 

 

Nous occupons grandement notre temps entre l’association d’accompagnement scolaire, le numérique éducatif, l’école des petits journalistes, l’opération devoirs faits au collège. Je gère avec plaisir l’association La Petite École de Mamilou qui se veut être au plus près de la jeunesse dans son parcours scolaire avec un soutien inconditionnel aux enfants handicapés. Je suis aussi administratrice de la Ligue de l’enseignement du Gers qui me permet de rencontrer des personnes qualifiées dans l’Education populaire. Je resterai ma vie durant attachée à ma passion l’école. Je viens d’être désignée DDEN (déléguée départementale de l’éducation nationale) pour l’école de Seissan et bientôt Lombez. Comme on dit en souriant : « N’oublie pas ton cartable quand tu iras au paradis. » Gérard, lui, est administrateur du Musée paysan à Simorre et s’occupe de l’action devoirs faits au collège de Masseube. Toutes ces activités nous tiennent éveillés et alertes et nous prenons beaucoup de plaisir à aider cette jeunesse en ces temps difficiles.

 

Et puis nous bougeons beaucoup: des randonnées dans notre belle campagne et pour moi du vélo ( électrique) au travers des vallons gersois. Ce retour dans cette nature si bien conservée, nous convient totalement. Nous sommes en pleine campagne, sur une hauteur d’où nous voyons la chaîne des Pyrénées. Nous avons de bons voisins, toujours prêts à rendre service et qui s’inquiètent de nous. Chaque jour est un bonheur, une accumulation de petits bonheurs : une biche qui traverse le pré, nos poules qui nous offrent des œufs quotidiens, des chants d’oiseaux, le feu dans la cheminée. Notre vie est douce et agréable et nous espérons encore la vivre longtemps. Nous avons pris la décision de mettre notre maison en vente en viager. Cette maison est notre maison que nous avons acquise il y a 22 ans lors de notre mariage, ce n’est en rien une maison familiale. Des acheteurs semblent intéressés et cela nous permettra de rester dans notre maison avec nos objets et nos habitudes tout en gagnant une somme rondelette qui nous permettra de nous faire plaisir et de faire plaisir à nos petits-enfants.

 Nous nous protégeons des grincheux et ne nous entourons que d’amis joyeux, fidèles et intéressants. Nous avons tous les deux besoin de donner aux autres et nous recevons beaucoup de chaleur humaine en retour.

 

Nos enfants vivent leur vie. 

Ma grande Magali qui a fait 52 ans le 19, est toujours célibataire et boude toujours dans son coin. Depuis le divorce ( elle avait 14 ans ) elle refuse de me voir. Il m’a fallu une longue analyse pour accepter et continuer ma vie sans elle.

Emilie, elle, dentiste, a quitté Toulouse, l’enfer du bruit, pour créer un cabinet secondaire à Cajarc dans le Lot. Son mari, dentiste lui aussi, a gardé le cabinet à Toulouse et se partage entre les deux cabinets. Mes petits enfants Martin, 12 ans, et Antoine, 9 ans, sont ravis d’habiter à la campagne. Ils vont à l’école à pied et peuvent faire du vélo tout à loisir. J’approuve totalement ce choix de vie qui permet ainsi à nos deux trésors de vivre au grand air. 

Depuis la pandémie, nous ne voyons guère les enfants à part Emilie, Sébastien et les petits trésors car vaccinés, testés, ils ont passés Noël avec nous. Les enfants de Gérard c’est compliqué, ils ne veulent pas de tests ou de vaccins, alors nous sommes privés des petits. Nous espérons que nous sortirons de cette crise qui amène tant de problèmes dans les familles. Pour notre part, nous sommes largement convaincus par la vaccination qui est le seul moyen de lutter contre une pandémie. Si un vaccin contre l’herpès avait existé, mon frère Gérard ne serait pas mort à 20 ans d’une encéphalite herpétique. Aujourd’hui le vaccin existe… Je crois à la médecine et aux chercheurs. Un virus n’a rien à voir avec la politique. Toute cette manipulation au nom soi-disant de liberté individuelle est insupportable. Le monde se dégrade à la vitesse grand V. Nous avons peine pour notre descendance. Cependant, je garde l’espoir qu’ils seront redresser la barre et retrouver le bonheur de vivre. C’est vrai que nous avons été (les enfants des années 50), une génération gâtée. Nos grands-parents et nos parents sortaient des guerres, de l’épidémie de grippe espagnole, de temps de restrictions. Ils ont voulu que leurs enfants retrouvent le bonheur de vivre. Cela a donné une génération d’enfants gâtés, de consommateurs à tout-va, de gaspilleurs des richesses que nous offre la nature. Aujourd’hui cette génération, c’est la mienne, nous sommes âgés et nous réalisons que nous laissons à nos enfants et petits-enfants un monde épuisé. Mais je garde l’espoir que les nouvelles générations finiront par retrouver une vie plus proche de la nature, plus humaine et bien moins consommatrice ou individualiste.

 

Pour nous, ce qui est le plus difficile, c’est de ne pas pouvoir partager ces bons moments, ces bons repas avec nos amis les plus proches. C’est un tel plaisir de se retrouver autour d’une bonne table remplie de produits gascons. Mais cela reviendra. Nous gardons tant bien que mal le contact avec les uns et les autres mais nous évitons de trop nous déplacer.

Ce qui nous manque aussi, c’est de pouvoir voyager. Nous avons depuis longtemps programmé une croisière fluviale sur le Rhin à la découverte de cette partie de la France que nous ne connaissons pas. D’autres croisières fluviales sont prévues mais pour le moment, il est hors de question de se retrouver dans des grands groupes. Nous patientons. Après avoir fait de très beaux voyages et de nombreuses heures d’avion dans le Pacifique, nous souhaitons maintenant des voyages moins loin à la découverte de la France ou de l’Europe proche. Nous irons sûrement un jour au Maroc où Gérard a laissé une partie de son enfance. 

 

 

 

 

 

 

 

De plus en plus, nous hésitons à prendre la voiture mais nous faisons encore des sorties sur Toulouse ou sur Auch. Notre dernière belle sortie c’était pour assister au Capitole au ballet Toulouse-Lautrec de Kader Belarbi, sur les mélodies et les rythmes de Bruno Coulais. La scénographie dépouillée est magnifique, les costumes simplifiés et beaux et lumières très suggestives. Nous suivons de près la programmation et nous nous sommes promis de revenir au Capitole. Par contre, pour la première fois, nous avons zappé le festival de jazz in Marciac. Nous avons eu peur, cet été, de la foule. Mais là aussi, nous y reviendrons bientôt.

 

 

Voilà, une année terminée. Malgré la vilaine petite bête, nous avons eu de bons moments. Par exemple cet été, nous avons accueilli dans notre maison, une famille venue de Polynésie : Meilani et ses enfants. Nous avons passé de merveilleux moments autour de la piscine, a mangé les délicieux repas préparés par Gérard, notre grand chef cuisinier aidé par Meilani, une grande pâtissière. Nous avons pu nous promener dans la belle campagne Gascogne mais aussi nous remémorer les bons moments passés en Polynésie, ce pays qui reste gravé au plus profond de notre cœur. Enfin nous avons passé de belles journées avec tous ces enfants et petits-enfants qui nous ont offert des moments de franche rigolade, du théâtre et aussi des goûters philo où nous refaisions le monde, sans parler des ateliers de petits journalistes. Tous petits bonheurs nous permettent de vivre pleinement notre âge et d’oublier toutes les tracasseries de nos corps grincheux.

 

Nous vous souhaitons la même vie que la nôtre, au plus près de la n’autre, remplie des petites joies qui nous éloignent de la tristesse de vieillir.

Nous vous embrassons.

 

 

 

Marie-Hélène et Gérard

 



24/01/2022
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